THE ALMANAC CHÂTEAU LAFITE ROTHSCHILD

Amateur de bons vins ce magnifique ouvrage est pour vous.
Il est tout à fait exceptionnel tant par sa présentation que par son contenu.
Ne vous y trompez pas, il n’a de ressemblant, de similaire, avec les Almanachs populaires que vous avez pu feuilleter, que le rappel de renseignements, d’informations, annuelles. Pour le reste, on doit à Saskia de Rothschild, à sa curiosité, à son intelligence, à sa volonté, de
« donner un supplément d’âme à ce qui est versé dans le verre ».
En sus, et en toute complicité, elle nous invite à compléter l’ouvrage de notre « ex-libris ».
C’est en rappel du passé que l’auteure nomme son livre « The Almanac » et pour cause ce type d’ouvrage a longtemps été un outil populaire de diffusion de savoirs pratiques, mêlant conseils agricoles, données astrologiques et même, parfois, prévisions météorologiques.
Aussi est-ce dans cette approche, qu’à son initiative, les archives de Lafite nous révèlent des trésors d’informations sur la vie, au fil des 150 dernières années de cette propriété viticole.
Le livre regorge de témoignages de vignerons, régisseurs, œnologues, qui évoquent le passé, le présent, se projettent même parfois dans l’avenir.
Chacun d’eux y apporte sa vision du vin, de la propriété.
Tous conviennent que les enjeux d’hier sont toujours ceux d’aujourd’hui, voir ceux de demain.
Avant, dit note l’auteure avec nostalgie, on tenait un « carnet de précipitations » afin qu’avec le temps, les notes en cause, prennent une dimension culturelle et patrimoniale, conservant en cela la mémoire des saisons, et des usages.
Eu lieu et place, rajoute Saskia de Rothschild,
« Aujourd’hui, nous avons des stations météo et des courbes qui se dessinent automatiquement : c’est moins poétique ».
Toutefois tient-elle à ajouter :« en 150 ans certaines choses n’ont pas changé » et c’est tant mieux ».
La lecture de cet ouvrage m’a amené à découvrir qu’il était primordial de s’intéresser à la pédologie des propriétés. Que cartographier le sous-sol, permet de comprendre que, ce qui fait un grand sol viticole, c’est tout spécialement sa capacité à limiter le régime hydrique de la plante : « une vigne ne doit pas avoir trop d’eau » !
Force est de constater que depuis 1968, le monde a changé, mais, qu’heureusement, la terre reste la terre.
Ainsi, alors que l’ouvrage nous ramène à l’année de l’achat de la propriété par James de Rothschild, et qu’il est probable que ce dernier soit venu visiter le domaine en empruntant la ligne de chemin de fer Paris-Bordeaux, [mise en fonction quelques années plus tôt]. On ne saurait manquer de noter que, si le paysage n’a guère changé, le temps mis pour faire le trajet a, lui, grandement diminué.
A l’époque, il fallait compter 14 heures de la gare Paris-Austerlitz à celle de Bordeaux Saint-Jean. De nos jours, relier Bordeaux à la capitale ne prend plus, que deux petites heures !
On ne saurait faire meilleur constat de l’évolution de notre monde…
« The Almanac » ne fait pas silence du prix des flacons de la propriété.
Inutile de préciser qu’ils ne sont pas à la portée de toutes les bourses !
Voilà un ouvrage, édité par Flammarion, que j’ai lu avec grand intérêt et qui trône dorénavant chez moi, en bonne place parmi d’autres livres qui traitent du vin.
Merci à l’auteure pour avoir réussi à nous faire partager sa passion.