J’AI PERDU UN BÉDOUIN DANS LA VILLE

Cher lecteur, vous n’avez pas dû manquer de remarquer que, dans la partie ludique de notre « Note d’information » mensuelle SOGECC, nous avons toujours pris soin d’éviter de commenter les ouvrages qui abordent, de façon par trop partisane, les thèmes de la religion et de la politique, deux sujets souvent clivants, porteurs de passions et de controverses. Notre souhait étant d’y préserver un espace de lecture serein, où la réflexion peut se faire sans tension sectaire. Toutefois, il est des livres qui transcendent ces catégories, qui touchent à l’humain dans ce qu’il a de plus noble, et qui méritent, par leur sincérité et leur portée universelle, que l’on fasse exception.
C’est le cas du livre « J’ai perdu un Bédouin dans Paris », écrit par Jacques Essebag, plus connu sous le nom d’Arthur.
Ce livre, né dans le sillage des événements tragiques du 7 octobre 2023, est un cri du cœur, un témoignage bouleversant, une tentative de mettre des mots sur l’indicible.
Ce qui frappe, dès les premières pages, c’est la sensibilité profonde de l’auteur.
Arthur ne cherche pas à faire œuvre politique ni à défendre une religion, il parle en père, en fils, en ami, en homme blessé par la violence et l’injustice. Il y évoque ses proches, ses racines, ses émotions avec une pudeur désarmante. Chaque mot semble pesé, chaque phrase porte une charge affective intense.
Il s’y livre sans détour, partageant ses colères, ses incompréhensions, mais aussi ses espoirs. Il raconte, notamment, un dîner où il se sent jugé, incompris, réduit à une identité qu’on lui attribue sans le connaître. Ce moment, qui l’accable intensément, devient emblématique de la fracture entre les discours convenus et la réalité vécue.
Arthur refuse les postures, les slogans, les simplifications et en appelle à ce que l’on fasse droit à la reconnaissance de la douleur humaine, quelle que soit son origine.
Ce livre est aussi un acte d’engagement.
Arthur ne se contente pas de témoigner, il agit, tend la main, utilise sa voix, sa popularité, pour alerter et soutenir.
Il écrit : « La souffrance d’un enfant n’a pas de drapeau. » Cette phrase, simple et puissante, résume l’essence de son message : l’humanité doit primer sur les appartenances.
En choisissant de commenter ce livre, l’on fait le pari que l’émotion sincère et la quête de justice peuvent rassembler au-delà des clivages.
« J’ai perdu un Bédouin dans Paris » n’est pas un livre sur la religion ou la politique : c’est un livre sur la dignité humaine, sur la mémoire, sur le refus de l’indifférence.
Je vous en recommande la lecture et souligne que cet ouvrage -édité par Grasset– est le premier de l’auteur lequel croit bon de préciser :
« Je l’ai écrit. Parce que je n’avais plus d’air. Pour survivre. Pour transformer la douleur en action ».