Dossier du mois : LE CUMUL EMPLOI RETRAITE
LE CUMUL EMPLOI RETRAITE
Le Conseil des ministres du jeudi 23 octobre 2025 a officiellement acté la suspension de la réforme des retraites via une lettre rectificative intégrée au Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) pour 2026.
Cela signifie concrètement que :
- La réforme Borne de 2023, qui prévoyait un relèvement progressif de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans, est suspendue jusqu’à janvier 2028.
- Le nombre de trimestres requis pour une retraite à taux plein est également concerné par cette suspension.
Le taux plein est toujours obtenu automatiquement à 67 ans, quelle que soit la durée de cotisation. Avec pour conséquence que :
- même si vous n’avez pas validé tous vos trimestres requis, lors de la liquidation de vos droits, vous ne subissez pas de décote à partir de 67 ans.
- Ce mécanisme reste donc inchangé malgré la suspension de la réforme
Le cumul emploi-retraite permet à un retraité de reprendre une activité professionnelle tout en continuant à percevoir sa pension.
En fait, tous les retraités, quel que soit leur régime de retraite, ont la possibilité de reprendre une activité professionnelle ou d’en commencer une nouvelle dans le cadre du cumul emploi-retraite.
En 2025, ce dispositif a été renforcé pour encourager l’emploi des seniors.
Deux formes existent : le cumul intégral et le cumul plafonné.
Le cumul intégral est accessible aux retraités ayant liquidé tous leurs droits à la retraite (base et complémentaire) et bénéficiant du taux plein. Dans ce cas, il n’y a aucune limite de revenus.
Depuis la réforme de 2023, les cotisations vieillesse versées pendant cette période permettent de générer une nouvelle pension, distincte de la première.
Le cumul plafonné concerne les retraités n’ayant pas atteint le taux plein. Le total des revenus (pension + activité) ne doit alors pas dépasser 160 % du SMIC brut mensuel ou la moyenne des trois derniers salaires avant la retraite.
Les retraités en cumul intégral et qui ont acquis un nombre de trimestres suffisant pour liquider leur retraite à taux plein sans justifier d’avoir 67 ans, peuvent cotiser à l’Assurance retraite et à l’Agirc-Arrco. Ces cotisations permettent désormais d’acquérir de nouveaux droits.
Ainsi, à l’arrêt de l’activité, une seconde pension peut être versée, à condition d’en faire la demande.
Cette pension complémentaire est limitée à 5 % du plafond annuel de la Sécurité sociale, soit environ 2 355 € par an en 2025.
A titre d’exemple, pour un salarié rémunéré au niveau du plafond annuel de la sécurité sociale (PASS), cela représente environ 210€ de pension complémentaire par an et par année de cumul.
Chez Agirc-Arrco, les cotisations versées dans le cadre du cumul emploi-retraite permettent aussi d’obtenir de nouveaux points de retraite complémentaire, mais uniquement sur la tranche plafonnée des rémunérations. Ces points donnent droit à une seconde pension complémentaire, versée après cessation définitive de l’activité.
Pour bénéficier de cette seconde retraite, il faut arrêter toute activité rémunérée et formuler une demande auprès des régimes concernés (URSSAF pour la retraite de base, Agirc-Arrco pour la complémentaire). La démarche est dématérialisée et peut être effectuée via le portail Info-Retraite.
Ce dispositif offre ainsi une véritable opportunité pour les retraités souhaitant améliorer leur niveau de vie tout en restant actifs, à condition de bien respecter les règles et d’anticiper les démarches à la fin du cumul.
Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS 2026) prévoit une refonte du dispositif avec trois cas de figure :
- Avant l’âge légal (carrière longue, etc.) : la pension est réduite à 100 % du revenu d’activité dès le premier euro.
- Entre l’âge légal et 67 ans : la pension est réduite à 50 % du revenu d’activité au-delà d’un seuil (prévu à 7 000 € annuels).
- À partir de 67 ans : le cumul est libre et intégral, avec possibilité de générer une nouvelle pension. Le cumul intégral n’est possible que dans deux cas :
- Liquidation à l’âge minimum (actuellement 62,5 ans) avec le nombre de trimestres requis pour avoir le taux plein correspondant à la génération.
- Soit à partir de 67 ans.
On ne saurait évoquer le cumul emploi retraite sans préciser que quelques activités y échappent. C’est ainsi le cas pour les activités de faible importance ou à caractère artistique, scientifique ou littéraire à titre accessoire, rapportant moins d’un tiers du SMIC par an.
Les activités juridictionnelles, les professionnels de santé dans certains territoires.
C’est également le cas pour les militaires, lesquels peuvent prendre leur retraite après 25 ans de service.
Pierre Ghenassia