BOB SINCLAR & DJ YELLOW


Le métier de « Disc-Jockey » remonte à la décennie précédant la seconde guerre mondiale.
Période au cours de laquelle le terme « DJ » a été popularisé aux États-Unis.
• « Disc » : en référence aux vinyles utilisés pour diffuser la musique.
• « Jockey » : par emprunt aux courses de chevaux, indiquant quelqu’un qui contrôle ou manipule quelque chose, en l’occurrence, pour le DJ, la musique.
Le premier usage documenté du terme « Disc-Jockey » est attribué au commentateur américain Walter Winchell en 1935, pour désigner des animateurs radio qui passaient des disques à l’antenne.
Les premiers DJ sont donc des animateurs radio diffusant des morceaux enregistrés au lieu de la musique en direct. Les auditeurs de l’époque, guère avertis et quelque peu crédules, s’imaginent être en direct avec les interprètes.
Ainsi Martin Block, célèbre animateur radio new-yorkais, en use et laisse entendre qu’il commente un concert en direct alors qu’il ne diffuse que des disques et tous les auditeurs de le croire !
Il faudra attendre la décennie 1950/1960 pour que les premiers DJ Américains interviennent en clubs, bars et soirées, diffusant de la musique enregistrée, notamment de rock et du jazz. Pendant cette même période, en Jamaïque, naissent les « sound systems », où des DJ animent des fêtes de rue, avec des enceintes géantes et des vinyles de ska et reggae.
Dans la décennie 70 les DJ des clubs des Etats-Unis, se popularisent grâce au mouvement disco.
Ainsi, à New York, des figures comme Kool Herc, d’origine jamaïcaine, introduisent le breakbeat, courant de musique électrique, qui a donné naissance au hip-hop. Ce mouvement socioculturel contestataire apparu à cette même époque aux États-Unis, qui se manifeste par des graffs, des tags, des styles de danse (smurf) et de musique (rap).
L’utilisation des platines vinyles pour mixer en direct et prolonger les parties instrumentales des morceaux devient alors courante.
Après le hip-hop se développa le scratch et le turntablism, qui caractérisent l’art de manipuler des vinyles pour créer des sons uniques.
La musique électronique, n’est pas en reste et explose avec l’essor, à Chicago, de la house, à Détroit, de la techno, et au Royaume Uni de l’Acid House .
La fin du XX siècle voit surgir la révolution numérique et, avec, l’explosion des festivals et de la culture DJ, concomitante à l’apparition des CDJ et du logiciel de mixage numérique, réduisant l’usage du vinyle.
Avec le XXI siècle apparaît l’ère des DJ stars et du streaming
Les DJ deviennent des superstars alors que logiciels et contrôleurs numériques rendent le DJing, ce métier hybride, oscillant entre performance artistique et programmation musicale, plus accessible, complété de l’essor du live streaming et des plateformes comme SoundCloud et Spotify qui font changer la manière dont la musique est mixée et diffusée.
Force est de constater que les DJ ont émergé avec l’évolution des disques vinyles et des platines, ce qui a permis de mixer, sampler et enchaîner les morceaux, pour créer une nouvelle expérience musicale.
On doit à Bob Sinclar d’avoir saisi cette opportunité en développant un style propre, mêlant house, disco et funk, exploitant judicieusement les technologies de mixage et de production.
En fait, c’est en 1998 que Christophe Le Friant, « Chris » pour les fans, a choisi le nom de scène « Bob Sinclar » en référence au personnage principal du film « Le Magnifique » de Philippe de Broca avec Jean Paul Belmondo, alias « Bob Sinclar »,comme acteur principal.
C’est surtout d’ailleurs durant cette même année de fin de XXème siècle, que le titre « Gym Tonic », tiré de l’album « Paradise », le propulse sur le devant de la scène électronique.
On lui doit d’avoir su transformer cette culture DJ en une véritable marque personnelle, au point de devenir une figure emblématique de la musique électronique et du clubbing.
Ce qui a fait, et continue de marquer son succès, est d’avoir su se démarquer au sein du monde de la musique électronique en développant un style qui lui est propre. Son identité musicale unique, mélangeant différents genres sous influences house, disco et funk, le rend reconnaissable, identifiable.
Ainsi, en exploitant de façon très personnelle les technologies de mixage et de production, il a réussi à affirmer son son et à produire des morceaux innovants.
D’évidence Bob Sinclar a eu le mérite de ne pas se laisser porter par des mouvements mais d’en tirer parti.
Présentement il continue ses tournées en offrant des sets à travers le monde. (Pour ceux qui l’ignorent un « set » c’est la prestation d’un DJ, une suite de mixes de disques dans une continuité qui peut durer 30’, 45 min, voire plus. Notre icône de la French Touch passe également beaucoup de temps en studio, comme on peut le voir souvent sur son compte Instagram qu’il prend soin d’alimenter régulièrement de façon drôle et décalée.
Un très beau livre, remarquablement bien documenté et illustré, vient de sortir sur son parcours, et sur la montée en puissance du métier de DJ. Il s’intitule :
BOB SINCLAR & DJ YELLOW
NOS TRENTE ANS DE FRENCH TOUCH
DJ Yellow, de son vrai nom Alain Hô, étant son grand complice avec lequel il fonda le label Yellow Productions.
Alain travaille alors à la mairie de Paris, Christophe vit chez sa mère dans le marais où dit-il « je bricole mes sons et je ne veux rien faire d’autre ».
On y découvre que c’est en 1990 que Bob Sinclar mixe pour la première fois dans une soirée dont il a organisé le thème. C’était au Studio A sur les Champs Elysées. « Christophe fait ses armes et découvre qu’il y a une grande différence entre mixer seul dans sa chambre et faire bouger un dancefloor, qu’il y faut du savoir-faire, de la culture musicale, du feeling et de l’honnêteté, que ça fait vibrer, vivre et que c’est ce pour quoi il est fait »
Le futur prouvera qu’il venait bien là de trouver sa voie pour notre plus grand enchantement.
Leur premier disque implique une sortie d’argent qu’ils n’ont pas : 12 000 francs ! Ils y parviennent néanmoins, foncent en Belgique, où c’est moins cher, y font réaliser 1000 vinyles, partent illico à Londres où un distributeur leur prend l’intégralité du pressage, et y gagnent 20 000 francs « pour nous c’est la réussite absolue »
S’exclament-ils ! Et c’est le début d’une belle aventure.
On y découvre ses premiers samplers et l’ordinateur Atari avec lesquels il a notamment produit l’album Paradise, les Sneakers estampillés Bob Sinclar, les tee-shirts Bob Sinclar, différents objets de promotion
En 2004, entre Alain et Christophe les choses deviennent moins fluides. Alors qu’ils mixaient à Miami DJ Yellow décide de quitter le Label.
C’est la fin d’une association mais pas de leur amitié.
D’ailleurs Alain Hô d’écrire à cet égard : « avec Chris nous avons travaillé dix ans ensemble mais c’est trente ans pour moi en termes d’intensité.
Ce qui a été le plus excitant dans cette aventure, c’est la confiance totale, l’amitié et même l’amour que nous avions l’un pour l’autre ».
Ce livre est d’une grande authenticité, doublée d’une totale franchise tant sur l’énorme travail réalisé au fil des années que sur la passion qui toujours présidé à leur mise en œuvre.
Christophe est reconnaissant pour ceux qui ont cru en lui, qui l’ont accompagné, et en tout premier lieu pour sa mère, l’adorable Chantal, qui gère ses affaires et à qui il voue une grande dévotion. Avec Clarisse, sa sœur, pour laquelle il conjugue complicité et affection. Avec Raphael et Paloma, ses enfants.
C’est vraiment passionnant et très agréable à lire. On le doit à Bertrand Richard pour le texte et à Jonathan Kluger et Laurent Bismuth pour la Direction Artistique
Je ne saurais conclure sans reprendre ce qu’écrit, en introduction et avec justesse, Olivier Cachin : « ce livre raconte trente ans, de musique, de sueur, de rythme, d’amitié, de deux Frenchies qui ont parcouru le monde, diffusant du bonheur sur les pistes de danse, donnant de l’amour et en recevant en retour ».
Et pour cause,
Everybody loves Bob Sinclar !