CHINE : EMPREINTES DU PASSE

L’exposition actuelle au musée Cernuschi, intitulée « Chine : Empreintes du passé – Découverte de l’Antiquité et renouveau des arts, 1786-1955», est une occasion rare de plonger dans un moment clé de l’histoire culturelle chinoise. Elle explore la manière dont, entre la fin du XVIIIᵉ siècle et le milieu du XXᵉ, la Chine a réinterprété son héritage antique pour nourrir un renouveau artistique. Ce mouvement, comparable à ce qui s’est produit en Europe avec la redécouverte de l’Antiquité, a donné naissance à des formes inédites, mêlant tradition et modernité.
Au cœur de cette exposition se trouve une technique fascinante : l’estampage. Ce procédé, qui consiste à relever l’empreinte d’inscriptions gravées sur pierre ou métal à l’aide d’une feuille de papier humidifiée puis encrée, a joué un rôle central dans la transmission des savoirs anciens. Utilisé pendant des siècles, il connaît au XIXᵉ siècle une véritable révolution, permettant de représenter des objets tridimensionnels et d’inspirer des artistes en quête d’authenticité et de nouveauté. Les estampages, en révélant des formes simples et des graphies primitives, ont transformé la calligraphie, la peinture et la gravure de sceaux. Ils ont aussi influencé les arts décoratifs, introduisant une esthétique du fragment et du collage, annonciatrice de la modernité.
Cette exposition est une chance exceptionnelle pour Paris. Peu de villes au monde peuvent se targuer de posséder un musée entièrement dédié aux arts asiatiques, et le musée Cernuschi est l’un des plus anciens et prestigieux en Europe dans ce domaine. Fondé en 1898, il doit son existence à Henri Cernuschi, un banquier et collectionneur visionnaire, passionné par l’Asie. Après un long voyage en Extrême-Orient dans les années 1870, Cernuschi ramène à Paris une collection impressionnante d’œuvres chinoises et japonaises, qu’il lègue à la ville. Son ambition était claire : offrir aux Parisiens un lieu où l’art asiatique serait étudié, admiré et compris.
Aujourd’hui, grâce à ce legs, nous pouvons admirer des pièces uniques qui racontent l’histoire d’une civilisation millénaire et ses dialogues avec la modernité. L’exposition « Chine : Empreintes du passé » illustre parfaitement la mission du musée : faire découvrir la richesse des cultures asiatiques et leur influence sur l’art universel. Dans un monde où les échanges culturels sont plus que jamais essentiels, avoir un tel musée à Paris est un privilège inestimable.
L’exposition dure jusqu’à mi-mars 2026 et, outre la visite en individuel, propose des créneaux pré programmés pour des visites guidées en compagnie d’une conférencière d’une durée d’environ 1H30’….