S’il est fréquent de s’attarder aux anonymes de nos rues, avenues, boulevards parisiens, il est plus rare de constater de l’intérêt pour l’origine de nos espaces verts.

C’est d’autant plus regrettable que leur histoire est tant spatiale que temporelle. De surcroît leur dénomination, loin d’être anodine, relève d’un choix qui résulte toujours d’un débat contradictoire.

Décision propre à impacter le futur, sous-tendu par la volonté d’honorer un lieu, une personnalité, un événement.

Par leurs décisions, les autorités compétentes aspirent à s’attribuer une démarche, reflet de leur sensibilité et ce, à fortiori lorsqu’elles commémorent une personne physique que l’on aspire à ancrer dans l’espace public.

L’existence d’espaces verts, pour tous ceux vivent ou travaillent à Paris, est quasi crucial tant cela représente pour eux un peu de campagne en leur ville, propice à leur rappeler qu’existe plantes, pelouses, arbres, massifs, ..et non point que des immeubles !

Pour faire un état de ces différents lieux, destinés à la détente, d’en décrire les composantes, la diversité des variétés et espèces végétales, qui peut le mieux le réaliser, qu’un jardinier !

A fortiori lorsqu’il s’agit d’Alain Baraton qui, outre d’être jardinier de profession, sait mieux que quiconque communiquer sur le sujet, notamment par ses chroniques à la radio et à la télévision. Alain Baraton n’est pas simple jardinier mais “Jardinier en chef” du Domaine National du Trianon, du Parc du Château de Versailles et responsable du Domaine National de Marly-le-Roi.

Il a d’autant plus de mérite qu’il ne sort pas, n’est pas diplômé, n’a pas suivi le cursus d’AgroParisTech, cette école élitiste censée représenter le “gratin” en la matière. Lui, son ascension, il la doit au fait d’avoir “décroché”, es qualité d’étudiant souhaitant se faire un peu d’argent de poche un emploi de caissier à l’entrée du Parc de Versailles.

Il tombe alors amoureux de l’endroit… accepte un emploi d’aide jardinier… puis gravit tous les échelons pour, rapidement, faisant valoir ses compétences, être promu Chef Jardinier”.

Faisant le constat qu’un livre, ayant trait aux espaces verts de Paris faisait défaut notre auteur l’a comblé en écrivant, en collaboration avec de Laure de Chantal – normalienne et agrégée de lettres classiques – un ouvrage au titre évocateur :

MES JARDINS DE PARIS

Édité par Centre France Livres “Mon Poche”.

Fort de sa force attractive, l’auteur nous prend par la main, nous entraîne, à ses côtés, dans la découverte successive de nos parcs, squares, promenades, et jardins parisiens.

Certains petits, voire confidentiels, d’autres plus grands, plus connus. Chacune de ces descriptions est non seulement celle du professionnel jardinier, c’est-à-dire tournée vers la flore mais, également, agrémentée d’anecdotes, du pourquoi et du comment de chacune des créations en cause.

Immanquablement cet ouvrage est une invitation à la découverte, à la promenade, à la flânerie. Il est truffé de rappels de la grande et de la petite histoire de notre pays, de notre capitale.

Comment aborder, dans quel ordre, sur quel critère, chacune des descriptions ? Cela aurait pu être fait suivant un ordre alphabétique, par quartier, par arrondissement, …

Notre auteur a, lui, fait preuve de plus d’originalité et, ce faisant, a apporté un éclairage complémentaire sur les orientations des décideurs successifs en classant, regroupant, les espaces verts parisiens par thèmes, similitudes.

Ainsi est-ce le cas des artistes, tels Sarah Bernhardt considérée comme la plus grande tragédienne de tous les temps, de Serge Gainsbourg, de Léo Ferré, de Mouloudji, … Puis ce sont les auteurs qui sont répertoriés : Péguy, Lamartine, Tolstoï, Jules Vernes, … les artistes plasticiens sont également à l’honneur : Gallé, Rodin, Miro,

Tout comme les hommes et femmes qui ont marqué l’histoire : Martin Luther King, Anne Frank, Ilan Halimi, René Le Gall, ou qui ont un rapport étroit avec la politique, l’armée : Clemenceau, Danielle Mitterrand, Foch, de même sont abordés les Jardins partagés, Royaux, de pouvoir, …

A propos, savez-vous ce qui différencie un square, d’un Parc, d’un Jardin ? En fait, comme le reconnaît d’ailleurs l’auteur, “La subtilité est fine”…

Un “PARC” est un grand espace destiné à la promenade et aux loisirs. Il est le plus souvent planté d’essences forestières et possède généralement des bosquets. Le “JARDIN” est de dimension variable, il peut être privé ou public et il est aménagé pour le plaisir des yeux et le confort des visiteurs. Il peut aussi être agrémenté de jeux d’enfants.

Le “SQUARE” enfin est toujours propriété de la commune, il est clos et le plus souvent de petites et modestes dimensions.

L’ouvrage peut certes se lire d’un trait, en une seule fois, voire en plusieurs, mais ce que je préconise prioritairement c’est de confronter, sur place, chacun des espaces verts avec ce qu’Alain Baraton en dit et nous décrit.

C’est, vous ne pourrez que le constater, absolument passionnant, façon “jeu de piste” pour jeunes et moins jeunes….