MAMMO MIA

La vie n’est pas sans nous ménager des surprises.
On « pète le feu », on est plein de projets, on déborde d’énergie, on va de l’avant sans se poser de questions, l’insouciance est omniprésente.
Oui mais voilà, et toujours quand on ne s’y attend pas, un problème de santé vient troubler le quotidien. On commence par l’ignorer mais, très vite, il faut se rendre à l’évidence et faire face…
C’est sur ce thème, pour l’avoir vécu, que Beatrice de La Boulaye, dont on connaît l’énergie débordante, communique, accompagnée en cela par Beatrice Voile.
Avec ce livre, intitulé
MAMMO MIA
Les autrices ont réussi un pari audacieux : aborder le sujet grave du cancer du sein avec un ton à la fois léger et engagé, sans jamais banaliser.
Si le narratif est exclusivement celui de Béatrice de La Boulaye il importe de comprendre qu’il aurait pu être celui de « madame tout le monde » !
Comédienne, hyper active, intimement persuadée d’être invincible, Béatrice commence, comme bien d’autres, par refuser la réalité du diagnostic puis, suite au dépistage, bascule dans un univers qu’elle croyait étranger : celui de la médecine, de la vulnérabilité, et de l’introspection.
Sa démarche, son cheminement, est raconté avec humour, autodérision, et toujours avec sincérité. Durant toute la lecture, le lecteur l’accompagne dans ses hauts et ses bas, partage son inquiétude lors de l’annonce, perçoit ses dilemmes, ses choix, l’espoir….
Ce livre ne serait pas ce qu’il est sans l’indiscutable apport de Bénédicte Voile es qualité d’illustratrice qui apporte une vraie dimension visuelle et pédagogique à l’ouvrage. Ses encadrés, ses petites touches graphiques, permettent à la fois d’informer et de dédramatiser, au point d’en faire un « guide joyeux » comme l’écrit Béatrice de La Boulaye.
Et c’est bien là ce qui fait la force de l’ouvrage. Ce dernier n’est pas qu’un témoignage. Il a pour vocation première d’encourager le dépistage précoce, lever les tabous, faire acte de pédagogie, « aide à se sentir moins seule »…
La dimension de sororité y est d’ailleurs centrale : la maladie, loin de la figer, d’isoler en silence, devient un lien, un appel à se soutenir entre femmes, à dépasser les rivalités pour construire une communauté.
Béatrice évoque comment cette expérience lui a permis de « se libérer de la conviction d’être seule ».
Le ton y est juste, sans naïveté.
On découvre la violence des parcours avec toutefois une certaine atténuation découlant du ton décalé utilisé, lequel permet, malgré tout, d’exister dans l’épreuve.
Enfin, le titre lui-même, provocateur et drôle : « Mammo Mia !» donne le ton, attire l’œil, déclenche un sourire, et ramène à l’idée que prévenir n’est pas tabou.
L’ouvrage fonctionne comme un message clair : le dépistage sauve des vies, oui, mais aussi des « boobs », et surtout de belles histoires, de femmes, d’amitiés, d’entraide, de sororité.
En somme, tout en étant hymne à la prévention, témoignage fort, manifeste de sororité, ce livre n’en est pas moins drôle, émouvant, utile. Il rappelle que la vie continue après la tempête, que l’on peut encore rire, se reconstruire, avancer.
On doit sa sortie en librairie à First Éditions.
J’en recommande la lecture, non seulement à celles qui pourraient penser : « ce n’est pas pour moi », mais également à toutes celles qui veulent être actrices de leur santé et de leur solidarité, sans pour autant négliger les hommes lesquels se doivent de comprendre ce que leurs compagnes éprouvent…et qui vivent, eux aussi, leurs propres épreuves médicales…
Enfin, je ne saurais conclure sans rappeler les adages :
« Il vaut mieux prévenir que guérir »
et
« La guérison est un voyage, pas une course »
Ils sont pleins de sagesse !