UNE SACREE ENVIE DE FOUTRE LE BORDEL :

Le titre donne le ton.
Dans ce livre d’entretiens avec Jean-Louis Missika, Xavier Niel, figure majeure de la tech française, revient avec franchise et recul sur son parcours hors normes.
À contre-courant des récits classiques de réussite, ce self-made man issu d’un milieu modeste — un quartier défavorisé de banlieue parisienne — n’a pas suivi le chemin traditionnel des élites. Sans grandes études ni passage par les grandes écoles, il s’est forgé seul, à force de flair, de travail et surtout d’audace.
Dans cet ouvrage, Niel ne cherche pas à embellir son histoire. Il assume pleinement son goût du risque, sa fascination pour les systèmes qu’il peut bousculer ou détourner, et son refus des conventions. Il explique, sans provocation gratuite mais avec lucidité, que le fait de ne pas avoir suivi un parcours scolaire classique l’a libéré d’un cadre de pensée formaté, lui permettant ainsi d’imaginer des projets que d’autres n’auraient même pas envisagés.
Fort de 18 200 salariés et d’un chiffre d’affaires de près de 10 milliards d’euros, son groupe, Lliad, investit présentement, de façon conséquente, dans l’intelligence artificielle (IA).
Le livre dévoile un homme qui, derrière son image de trublion du numérique, est profondément réfléchi. Il y échange, avec Jean-Louis Missika, sur ses choix stratégiques, comme lors du lancement de Free qui a bouleversé le marché des télécoms, ou encore avec la création de Station F, temple de l’innovation et de l’entrepreneuriat. Il évoque aussi ses regrets, comme pour certains projets avortés, et ses espoirs pour une France plus ouverte à l’initiative individuelle et moins figée dans ses modèles traditionnels.
Ce qui ressort surtout, c’est sa volonté de se démarquer, non pas par orgueil, mais par conviction qu’un autre modèle est possible. Là où beaucoup d’entrepreneurs français restent dans le cadre, Niel se positionne comme un agitateur, un inclassable qui veut prouver qu’on peut réussir sans suivre les rails.
“Une sacrée envie de foutre le bordel” est plus qu’un autoportrait : c’est une déclaration d’indépendance, un manifeste pour une autre vision de l’entrepreneuriat, plus libre, plus intuitive, plus humaine.
Xavier Niel n’a pas fini de nous surprendre. Après son entrée au capital du journal « Le Monde », il ne s’encombre pas, ne met pas les formes, dit et écrit ce qu’il pense, au point de claironner à propos de l’organisation interne de l’organe de presse : « Ça n’était pas mal géré, ça n’était pas géré du tout », ce fut l’achat de l’Hotel Lambert, ce joyau architectural dont l’histoire remonte au XVIIe siècle (qui fut le théâtre de mondanités grandioses et successivement la propriété de grandes fortunes, avec la Seine pour seule voisine), puis, tout récemment, vient de se porter acquéreur, est devenu majoritaire, d’un club de foot de National 2, l’US Créteil-Lusitanos…. A quand la prochaine acquisition ! En tout état de cause on ne saurait se tromper en estimant qu’une nouvelle aventure l’attend d’ores et déjà….
Si l’entreprenariat vous intéresse, si vous chérissez les « self-made men » et leurs aventures, ce livre est pour vous.
C’est à Flammarion qu’on en doit l’édition.